Abdallah Abdelmalek, ALECA : libéralisation des services quelles impacts sur l’économie tunisienne ?
Le poids du secteur des services dans l’économie tunisienne s’il est important, 60% de la valeur ajoutée totale, 50% de l’emploi, solde commercial positif … il reste un secteur non structuré et fragile. En effet si le tissu économique des services compte aux alentours de 85% du total entreprise en Tunisie, contre uniquement 12% pour les entreprises industrielles ; la majorité de ces entreprises appartiennent principalement à 3 filières à savoir le commerce, le transport et la restauration et le secteur est caractérisé par une forte concentration des entreprise indépendantes et micro entreprises (97%).
La libéralisation des services est déjà présente en Tunisie, à travers la signature des plusieurs accords : l’accord final de l’Uruguay –round en 1995(GATTS), le 4eme protocole sur les télécommunications, le 5eme protocole sur les services financiers…Enfin l’article 31 de l’accord de libre-échange avec l’union européenne de 1995 stipule la libéralisation des activités de services.
Les discutions concernant l’ALECA ont démarré officiellement en 2016. Jusqu’à maintenant le gouvernement tunisien, s’il prévoit la signature de l’accord en 2019, n’a présenté aucune proposition.
Par contre l’UE de tient des propositions qui se résument en 3 axes :
- Liberté totale de l’investissement dans tous les secteurs de services sans distinction entre services publiques et services privés, sans la liberté de déplacement des personnes, sachant que les services s’exportent sur place et non en tant qu’antennaires.
- L’ouverture des marchés publics à la concurrence européenne.
- L’abandon des lois tunisiennes au profit des lois européennes, qui est appellé la convergence de la règlementation tunisienne vers la règlementation européenne, mais correspond en réalité à l’abandon de la souveraineté.
Les études réalisées dans le sillage de L’ALECA (étude ECORYS et étude ITCEQ) s’ils sont controversées sur le niveau de l’impact positif sur la croissance et l’emploi, ils sont d’accord sur l’impact très négatif sur le solde commercial et sur le tissu économique tunisien surtout les PME et les microentreprises.
Sans évaluations préalable de L’accord de 1995 et son corollaire le programme de mise à niveau, sans évaluation de la libéralisation déjà engagée dans le secteur des services…et surtout sans une nouvelle stratégie de développement, qui intègre une vision stratégique des relations de la Tunisie avec le reste du monde, tout accord ne peut que nuire à l’économie tunisienne.