Lettre ouverte du FTDES à Matteo Salvini à l’occasion de sa visite en Tunisie

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Lettre ouverte du FTDES à Matteo Salvini à l’occasion de sa visite en Tunisie

Le 26 septembre 2018, à Tunis.

En ces temps de prolongement des conséquences de la crise internationale, votre arrivée au pouvoir ainsi que vos interventions médiatiques inquiètent en Europe et dans les pays de la rive sud de la Méditerranée que vous dénigrez. Votre positionnement extrême anti-migratoire de dénonciation d’une invasion s’inscrit dans un triple paradoxe.

Premièrement, alors que depuis l’année 2017 et le pacte de Marco Minniti avec les autorités libyennes les arrivées sur les côtes italiennes ont chuté de près de 80% (au 23 septembre 2018, l’OIM comptabilisait 21 204 arrivées en Italie contre 119 369 en 2017[1]). Vous prétendez que l’Union Européenne fait face à une invasion alors qu’elle accueille nettement moins de réfugiés et d’immigrants que de nombreux autres pays dans le monde et notamment du sud[2].

Pourtant, deuxièmement, « les grands-parents émigrant italiens » comme vous les avez nommés[3] furent très nombreux à quitter leur pays durant le XXème siècle pour rechercher un pays d’accueil où ils pourraient construire un avenir meilleur : ils étaient alors eux aussi dans des situations irrégulières, sans visa de travail et connurent également des discriminations[4]. Aux Etats-Unis entre 1860 et 1920, ils furent environ 4,5 millions à y émigrer[5]. A ce jour, bien que dans votre manière de voir européo-centrée les migrations concernent uniquement les personnes partant d’Afrique et du Moyen-Orient vers le continent européen, vous pourrez rencontrer jusqu’à 8 645 immigrés italiens en Tunisie[6] et de nombreux autres européens, qui y ont trouvé une opportunité, un travail, une occasion de s’enrichir culturellement ; et tant mieux. Les déplacements migratoires ont toujours existé que ce soit à l’échelle interrégionale d’un pays, entre pays d’un même continent ou entre différents continents. Ceux-ci ne disparaîtront pas, au contraire beaucoup laisse à penser qu’ils vont augmenter pour différentes raisons (guerres, montées des eaux, survivre à la misère).

Troisièmement, l’ultime paradoxe est cette loi qui a été votée à votre initiative ce lundi 24 septembre, ne changeant que très peu la réalité des choses à part peut-être en augmentant le nombre de personnes poussées à vivre dans une situation irrégulière sur le sol italien en limitant l’accès à la protection légale[7]. Vous souhaitez augmenter les expulsions vers la Tunisie notamment mais votre pays manque de main d’œuvre pour certaines activités. Tandis que la négociation d’accord pour faciliter la venue de travailleurs saisonniers avec la Tunisie permettrait par exemple de régler à la fois les questions d’exploitations de travailleurs par des réseaux de traite en Italie et de limiter en même temps les décès en mer et les départs irréguliers depuis la Tunisie, puisque ces migrations seraient dès lors régulières.

Enfin, la criminalisation du sauvetage en mer que ce soit pour des ONG comme dans les cas de l’Aquarius qui s’est vu retiré son pavillon panaméen après des pressions gouvernementales, ou pour les pêcheurs tunisiens récemment libérés sur décision du Tribunal d’Agrigento vendredi dernier[8], les effets sont désastreux voir criminels. En effet, ces statistiques montrent que si les départs depuis la Libye ont diminué, le nombre de morts noyés en pleine mer Méditerranée centrale, lui, n’a fait qu’augmenter ces derniers mois, atteignant 1 personne sur 18 parties, contre 1 personne sur 42 en 2017[9].

Le président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux

  1. Messaoud Romdhani

[1] Source: IOM and National Authorities, URL : http://migration.iom.int/europe/

[2] La Tribune, (21 juin 2016), “Les pays qui accueillent le plus de réfugiés ne sont pas les plus riches”, URL : https://www.latribune.fr/economie/international/les-pays-qui-accueillent-le-plus-de-refugies-ne-sont-pas-les-plus-riches-580946.html

[3] Le Courrier International, (17 septembre 2018), « Entre l’Italie et le Luxembourg, la bagarre se poursuit », URL : https://www.courrierinternational.com/article/entre-litalie-et-le-luxembourg-la-bagarre-se-poursuit

[4] Photo d’écriteau raciste accroché à la vitrine d’un café en Belgique après-guerre.

[5] Radici, (29 novembre 2013), « Les Italiens aux Etats-Unis : la grande immigration », URL :  https://www.radici-press.net/les-italiens-aux-etats-unis-la-grande-immigration/

[6] 8645 immigrés italiens en Tunisie en 2017 (INS) http://data.migration.nat.tn/fr/data/portal

[7] Le Courrier International, (25 septembre 2018), « Italie : Matteo Salvini fait approuver des mesures sans précédent », URL : https://www.courrierinternational.com/article/italie-matteo-salvini-fait-approuver-des-mesures-antimigrants-sans-precedent

[8] Anne le Nir, (23 septembre 2018), « Les pêcheurs tunisiens incarcérés depuis fin août sont libres », RFI, URL : https://amp.rfi.fr/fr/afrique/20180923-pecheurs-tunisiens-incarceres-depuis-fin-aout-sicile-sont-libres

[9] UNHCR, “Desperate Journeys: Refugees and migrants arriving in Europe and at Europe’s borders”, January – August 2018. URL : https://data2.unhcr.org/en/documents/download/65373

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IT

Lettera aperta dal FTDES a Matteo Salvini in occasione della sua visita in Tunisia

26 settembre 2018, a Tunisi.

In questi tempi in cui le conseguenze della crisi internazionale si prolungano, il suo arrivo al potere così come i suoi interventi mediatici preoccupano l’Europa e i paesi che denigrate della riva sud del Mediterraneo. Il suo posizionamento estremo anti-migrazione e la denuncia di un’invasione è un triplice paradosso.

In primo luogo, dal 2017 e dal patto di Marco Minniti con le autorità libiche, gli arrivi sulle coste italiane sono diminuiti di quasi l’80% (al 23 settembre 2018, l’OIM aveva contato 21.204 arrivi in Italia contro i 119.369 del 2017)[1]. Lei pretende che l’Unione europea si trovi di fronte a un’invasione quando chiaramente accoglie meno migranti e rifugiati rispetto a molti altri paesi nel mondo, tra cui quelli del sud.[2]

Inoltre, in secondo luogo, “i nonni emigrati italiani[3]” come li aveva chiamati, erano molto propensi a lasciare il loro paese durante il XX secolo per cercare un paese ospitante in cui costruire un futuro migliore: si ritrovano allora in situazioni irregolari, senza visto di lavoro e venivano discriminati.[4] Negli Stati Uniti tra il 1860 e il 1920, c’erano circa 4,5 milioni di emigranti[5]. Sebbene nella sua visione eurocentrica la migrazione riguarda unicamente le persone che partono dall’Africa e dal Medio Oriente verso il continente europeo, ci sono oggi 8.645[6] immigrati italiani in Tunisia e molti altri europei, che hanno trovato un’opportunità, un lavoro, la possibilità di arricchirsi culturalmente; e tanto altro. I movimenti migratori sono sempre esistiti sia a livello regionale, che tra paesi dello stesso continente o tra continenti diversi. Questi non scompariranno, al contrario diverse ragioni fanno pensare che aumenteranno (a causa di guerre, cambiamento climatico, lotta alla povertà).

Terzo, il paradosso finale è questa legge che è stata votata per sua iniziativa lunedì 24 settembre, cambiando molto poco la realtà delle cose, a parte forse aumentare il numero di persone costrette a vivere in una situazione irregolare sul suolo italiano limitando l’accesso alla protezione legale.[7]

In particolare, vuole aumentare le espulsioni in Tunisia, ma il suo paese non ha le risorse umane per svolgere certe attività lavorative. La negoziazione con la Tunisia di un accordo per facilitare l’arrivo di lavoratori stagionali consentirebbe sia di regolarizzare le domande dei lavoratori sfruttati dall reti di trafficanti in Italia che di limitare le morti in mare e le partenze irregolari dalla Tunisia, poiché tali migrazioni sarebbero pertanto regolari.

Infine, con la criminalizzazione delle operazioni di ricerca e soccorso in mare – sia delle ONG come nel caso dell’Aquarius, a cui è stata rimossa la sua bandiera panamense dopo le pressioni dei Governi o dei pescatori tunisini recentemente rilasciati con la decisione del Tribunale d’Agrigento lo scorso venerdì 8 settembre – gli effetti sono disastrosi o addirittura criminali. In realtà, le statistiche mostrano che mentre le partenze dalla Libia sono diminuite, negli ultimi mesi il numero dei morti annegati nel Mediterraneo centrale è aumentato, raggiungendo 1 persona su ogni 18 partite, rispetto a 1 su 42 nel 2017.[8]

Il presidente del Forum tunisino per i diritti economici e sociali

Signor Messaoud Romdhani

[1]  Fonte: IOM e autorità nazionali, http://migration.iom.int/europe/

[2] “I paesi che ospitano il maggior numero di rifugiati non sono i più ricchi” https://www.latribune.fr/economie/international/les-pays-qui-accueillent-le-plus-de-refugies-ne-sont-pas-lesplus-riches-580946.html

[3] 3  Le Courrier International, (17 settembre 2018), “Tra Italia e Lussemburgo, la lotta continua”

https://www.courrierinternational.com/article/entre-litalia-and-luxembourg-bags-sepursuit

[4] 4 Foto di un cartello razzista appeso alla vetrina di un caffè nel Belgio del dopoguerra.

[5] Radici, (29 novembre 2013), “Italians in the United States: Great Immigration”,

https://www.radici-press.net/les-italiens-aux-etats-unis-la-grande-immigration/

[6] 8645 immigrati italiani in Tunisia nel 2017 (INS) http://data.migration.nat.tn/fr/data/portal

[7] Le Courrier International,  (25 settembre 2018), “Italie: Matteo Salvini fait approuver des mesures sans

Précédent” https://www.courrierinternational.com/article/italy-matteo-salvini-complete-antimigrant-measures-without-precedent

[8]  UNHCR, “Viaggi disperati: rifugiati e migranti che arrivano in Europa e ai confini dell’Europa”, gennaio-agosto 2018 https://data2.unhcr.org/en/documents/download/65373

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