Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux inaugure avec la publication de ce premier cahier une nouvelle expérience de contribution à la réflexion sur les problèmes émergeants dans un contexte de mondialisation féroce qui marginalise les populations les plus vulnérables et hypothèque l’avenir de générations à venir par sa logique de gains immédiats et de primauté des intérêts politiques et financiers dominants.
Cette publication trimestrielle de l’OST se veut comme la vitrine du travail de l’observatoire et des chantiers de réflexion du FTDES. Elle n’en sera pas la seule. Nous œuvrerons également à assurer la publication mensuelle régulière d’une policy paper sur les sujets spécifiques ou d’actualité immédiate.
Elle intervient à la suite d’une première expérience de veille, d’analyse et de publications de » l’Observatoire Sociale Tunisien » que le FTDES voudrait capitaliser pour répondre aux défis de l’actualité.
Le FTDES réaffirme par ce travail d’analyse son engagement solidaire avec ses partenaires tant nationaux que régionaux pour l’impératif de respect des droits humains mais également dans la lutte contre les menaces de la destruction de notre environnement, de la montée des extrémismes, de la militarisation des conflits et de l’injustice climatique que nous payons de nos dernières ressources élémentaires et vitales.
L’ensemble de ces thématiques feront l’objet des publications prévues en 2019 mais dans la Tunisie restera le focus privilégié de ces éclairages divers aux effets croisés potentialisateurs. Dans un souci de proximité avec la réalité, nous consacrerons également un dossier aux nouveaux acteurs du changement dans notre pays en transition, à leurs discours, à leurs outils et à leurs causes toutes aussi légitimes que diverses.
« L’observatoire social « ouvre cet espace d’échange à des experts et à des chercheurs universitaires de compétences et générations différentes désirant enrichir une réflexion approfondie sur une réalité en mouvement et participer au développement d’alternatives constructives.
Nous espérons que ce partenariat aidera à décloisonner les efforts de recherche appliquée et à alimenter un espace de convergence entre un militantisme éclairé porteur d’alternatives et une recherche savante proche des réalités citoyennes et des défis du partage équitable des dividendes d’un développement plus humain.
Considérant l’atrocité des drames quotidiens vécus au large de nos cotes par des vagues de femmes et d’hommes sans horizons de dignité et qui se résignent à affronter un scénario de mort plus que probable plutôt que de se soumettre au cynisme des politiques sécuritaires européennes et à la marginalisation dans leurs propres pays, l’observatoire social dédie ce premier cahier à la question de l’émigration.
Nous espérons que ce débat contribuera à une plus grande mobilisation pour faire bouger le statut quo des égoïsmes actuels ou les protagonistes feignent de négocier pour des politiques plus soucieuses des droits tout en s’accommodant des tergiversions des uns et des autres, des naufragés malmenés entre des ports qui leurs restent fermés , du sort de milliers de disparus anonymes et des offensives récurrentes pour nous faire endosser la responsabilité de la fermeture externalisée des frontières européennes .
L’ensemble des experts que nous remercions et qui ont bien voulu proposer leurs contributions à ce dossier reviendrons sur les différents aspects de l’inégalité du dialogue bilatéral ou multilatéral et de la conditionnalité qui le guide dans la conjoncture de notre dépendance économique aggravée.
Ils n’ont par ailleurs pas pu occulter l’obligation d’évoquer sans complaisance la situation non moins compromettante des migrants en Tunisie et la responsabilité de nos institutions en celà .Après de multiples effets d’annonces , nous restons en effet en attente d’une loi réglementant l’asile, d’une ratification des conventions garantissant les droits économiques de migrants et d’une stratégie migratoire pertinente qui au-delà de notre diaspora à l’étranger inclurait la mobilité et les droits des migrants à l’intérieur de nos frontières aussi.
Les enquêtes publiées par ailleurs par le FTDES sur les conditions indignes des demandeurs d’asile et des rescapés dans les différents régions et centres d’accueil à Medenine ou à Tunis confirment malheureusement qu’en l’absence de ce cadre légal, des centaines de réfugiés syriens ou sub-sahariens continuent à subir l’arbitraire et l’exploitation pour ne pas dire des situations de traite humaine inacceptables.
Le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux qui tient particulièrement enfin à remercier monsieur Mohamed Limam coopté par ses collègues chercheurs pour coordonner ce premier cahier restera pour les prochains dossiers thématiques à l’écoute de l’ensemble des acteurs pour l’enrichissement de la réflexion pour un monde meilleur et plus équitable et pour une contribution aussi modeste soit elle aux changements effectifs.
Malek Kefif
Membre du conseil scientifique de l’OST
Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux