“L’eau, quand le moteur de la vie devient le moteur des conflits”
Ashref Dkhili
De la revue semestrielle de la justice environnementale de 2023
A la différence des conflits interétatiques autour de l’eau dans plusieurs pays, la rivalité autour de l’eau en Tunisie prend une autre dimension qui est celle de la concurrence sur la ressource entre les différents secteurs économiques pour lesquels l’eau constitue un moteur de développement.
Avec les effets tangibles du réchauffement climatique et l’utilisation croissante des ressources hydriques ces dernières années, l’exploitation des nappes profondes est passée de 92% en 2010 à 131% en 2016, sans qu’aucune stratégie de stockage des eaux de pluies ne soit mise en place par le ministère de l’agriculture.
De surcroît, l’agriculture représente une part prépondérante de 75,5 % de la consommation totale d’eau, tandis que l’eau potable n’en constitue que 22 %. Le secteur industriel, notamment l’extractivisme, est également un grand consommateur d’eau, à l’instar de la Compagnie de Phosphates de Gafsa (CPG), qui utilise 8,9 millions de mètres cubes par an, soit l’équivalent de la consommation de 112 milliers de Tunisiens.