Guy Marius Sagna
L’accord de partenariat économique (APE) qui concerne le Sénégal est l’APE entre l’Union Européenne (UE) des 27 et l’Afrique de l’Ouest (AO) des 16.
Avec cet APE, l’UE veut qu’au moins 75% des marchandises en provenance de ses 27 pays entrent dans les 16 pays de l’AO sans payer de droits de douane. En contrepartie, ces 16 pays continueront à bénéficier de la règle « Tout Sauf les Armes » (TSA), une exemption totale des droits de douane vers l’Europe pour les Pays les Moins Avancés (PMA).
Deux conséquences essentielles qui auront un impact sur l’agriculture sénégalaise.
75% des marchandises en provenance de l’UE ne payant pas de droit de douane cela 1) réduira le budget de l’Etat d’autant 2) et rendra beaucoup plus compétitives qu’elles ne le sont actuellement les marchandises en provenance de l’UE face aux productions sénégalaises.
Pertes de recettes budgétaires
Il est estimé que le Sénégal perdra 75 milliards de francs CFA de recettes dès la première année et 240 milliards à partir de la 20e année. Cela veut dire que l’Etat aura moins de moyens pour subventionner l’agriculture sénégalaise, aider les paysans sénégalais…
Mort des produits sénégalais
Certaines des 75% (au moins) de marchandises en provenance de l’UE qui ne paieront plus de droit de douane vont concurrencer beaucoup plus les productions locales.
Ainsi, la poudre de lait en provenance de l’UE ne paiera plus de taxe douanière pour entrer dans les 16 pays de l’Afrique de l’Ouest dès la première année d’application de l’APE. Pour le Sénégal cela signifie que les PME sénégalaises vont continuer à acheter cette poudre de lait pour la reconditionner ou la transformer. Ainsi, ces PME vont se détourner davantage encore des éleveurs sénégalais. Le lait sénégalais ne sera pas acheté. La facture laitière qui est entre 60 et 65 milliards de francs CFA par an va augmenter. Le Sénégal sera dépendant de l’extérieur pour sa consommation en lait.
Dès la première année d’application de l’APE UE-AO, le blé ne paiera plus de droit de douane. Conséquence : les 1600 boulangeries sénégalaises vont continuer à faire du pain avec du blé et non avec les céréales locales (mil, maïs, sorgho…). Cela signera la mort de l’introduction des farines locales dans la panification. Les 90 milliards de franc CFA d’importation de blé chaque année vont augmenter avec l’APE. La culture des céréales locales sera réduite à sa plus simple expression. Là aussi le Sénégal dépendra de l’extérieur pour nourrir sa population. L’on pourra écrire : ci-git la souveraineté alimentaire.
Avec l’APE, le niveau de transformation des produits agricoles qui est déjà très faible (13,2%) s’affaiblira davantage encore au Sénégal.