Par Yasmine Akermi
L’analyse qui suit adoptera deux grands prismes pour analyser la précarité du statut des migrants subsahariens en Tunisie : un prisme général qui concerne à la fois les dynamiques externes et internes de la sécuritisation de la migration dans le pays ; un prisme spécifique relatif à la racialisation de la migration africaine subsaharienne dans les pays du Maghreb. Tous deux tendent à expliquer le statut des migrants subsahariens en tant que catégorie la plus fragile des migrants présents en Tunisie.
Je soutiens tout d’abord que la Tunisie a maintenu le paradigme sécuritaire imposé par l’externalisation des frontières de l’UE après 2011 et la criminalisation de la migration qui en découle. Toutefois, cette approche, comme c’est le cas dans la plupart des processus de transposition, est continuellement et subtilement réajustée pour s’adapter aux intérêts locaux, principalement en matière de légitimation et de contrôle.28 Les conséquences de la sécuritisation de la migration sont particulièrement visibles vis-à-vis des migrants d’Afrique subsaharienne dans le pays. Deuxièmement, la sécuritisation de la migration n’est pas le prisme unique à travers lequel l’extrême précarité des migrants subsahariens en Tunisie devrait être évaluée. Ce travail explorera également les dynamiques raciales de la présence subsaharienne, en s’appuyant sur l’orientalisme d’Edward Saïd29 et sur les travaux de Mustapha El Miri sur la racialisation30. Le terme “migrant africain subsaharien” sera utilisé pour qualifier les Africains noirs et le terme “migrant irrégulier” pour désigner à la fois les migrants économiques et les demandeurs d’asile.
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