Des unités de production et des industriels épuisent les ressources et accumulent des richesses au détriment de l’environnement

Des unités de production et des industriels épuisent les ressources et accumulent des richesses au détriment de l’environnement

Mohamed Gaâloul

La pollution constitue l’une des plus grandes catastrophes préoccupantes, elle menace la vie humaine surtout face à la hausse spectaculaire des températures à la surface de la terre suivant une moyenne d’environ un degré tous les 100 ans comme conséquence de la prolifération des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique et qui sont dus essentiellement aux activités industrielles et les émissions atmosphériques de tous genres qu’elles dégagent. Les graves répercussions de la pollution mettent en péril la santé des gens comme l’affirme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui précise que 9 personnes sur 10 dans le monde respirent un air pollué tout en estimant que 7 millions de personnes meurent annuellement à cause de la pollution et que le coût global de la pollution est très élevé (autour de 225 milliards de dollars annuellement.)

Quant à la situation de la pollution en Tunisie, les chiffres disponibles à l’échelle mondiale prouvent que la plupart des régions de la république vivent sous le joug du problème de la pollution dont l’aspect prédominant varie d’un endroit à un autre : il affecte tantôt l’air, tantôt l’eau ou le sol terrestre ou les trois composants en même temps. La pollution industrielle constitue un problème majeur inhérent à l’activité de plusieurs usines en Tunisie surtout en l’absence de contrôle opéré par l’Agence Nationale de la Protection de l’Environnement (ANPE) et le non-respect des études d’impact sur l’environnement qu’il faudrait élaborer avant le démarrage de n’importe quel projet à vocation industrielle. Faudrait-il signaler aussi que la plupart de ces unités polluantes se concentrent dans les régions les plus défavorisées et les plus démunies en matière de moyens de lutte aussi bien politiques que logistiques contre cette pollution, d’où le triste bilan qui fait que les industriels butinent la fortune contre des citoyens qui récoltent les fruits de la pollution.

Par ailleurs, on peut considérer que la pollution industrielle constitue l’aspect dominant dans toutes les régions notamment avec la profusion des usines installées non loin des agglomérations, l’absence d’études d’impact indispensables en la matière et les autorisations préalables octroyées par l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE) avant le démarrage de ces projets industriels. Toutefois, même dans le cas où la condition de l’autorisation préalable est remplie, la plupart des usines ne respectent pas les normes environnementales en vigueur profitant du manque de contrôle que les autorités compétentes sont appelées à exercer et la défaillance en matière d’outils et de moyens pour déterminer le taux de pollution. Selon les chiffres de l’Institut National de la Statistique (INS), la moyenne d’émission de gaz à effet de serre a beaucoup évolué de 2002 à 2010.

Tableau de l’évolution d’émission des gaz selon la nature du gaz et le secteur de production.

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Émission des gaz responsables du réchauffement climatique

(gaz à effet de serre) dans le secteur de l’énergie.

23791000 23835000 24922000 25341000 25883000 27402000 27815000 28000000 28500000
Émission du CO2 dans le secteur de l’énergie 21988000 22067000 22880000 23356000 23712000 25097000 25475000 25645000 26103000
Industries dans le secteur de l’énergie 2000 2000 2000 2000 5000 5000 5000 8950000 9110000
Industries manufacturières et bâtiment 12000 12000 12000 11000 12000 13000 13000 4969000 5058000
Transport 43000 44000 45000 46000 47000 54000 53000 6441000 6556000
Autres secteurs 13000 13000 14000 14000 14000 16000 4024000 4024000 4096000
Émissions N2O dans le secteur de l’énergie 500 500 500 500 500 500 500 500 500
Fuites d’émissions de gaz de méthane (CH4) 54200 54100 64900 62400 70000 75200 76300 76800 78200
Émissions de l’oxyde de nitrogène (NOx) dans le secteur de l’énergie 70000 71000 73000 76000 78000 88000 87000

Unité (équivalent d’une tonne de CO2)

Force est de remarquer à travers ces statistiques l’évolution continue des émissions de gaz qui ont des répercussions sur la vie des citoyens et qui contribuent grandement à la propagation des maladies notamment dans les environs immédiats des usines polluantes.

La pollution industrielle se divise en effet en trois parties :

  • La pollution atmosphériquequi est pratiquement le lot de toutes les régions et particulièrement la région de Gabès en raison du fait qu’elle abrite le groupe chimique, la région de Sousse qui accueille pas mal d’usines pour la production de briques de construction et la région de Mahdia pour les unités de raffinage des grignons d’olive et l’utilisation de produits chimiques dangereux.
  • La pollution des eaux dont le principal auteur est l’Office National de l’Assainissement (ONAS) qui déverse les eaux ménagères usées en mer, dans les rivières et les bassins naturels ainsi que les usines de textile qui se débarrassent anarchiquement des eaux polluées en les déchargeant soit dans les rivières soit dans les canaux de protection des villes contre les inondations sans le moindre contrôle. Les principales unités se concentrent au gouvernorat de Monastir et la zone industrielle de Tazarka au gouvernorat de Nabeul où les entreprises qui y sont installées déchargent leurs eaux toxiques directement dans les rivières qui sont liées à la sebkha classée zone humide protégée en vertu de la convention internationale de RAMSAR.
  • La pollution du sol terrestre due au déversement anarchique des déchets et le rejet des eaux usées dans les terres agricoles, ce qui affecte dangereusement la qualité du sol pour en faire un terrain inexploitable. Les sociétés qui détiennent les décharges contrôlées n’hésitent pas non plus à jeter leurs déchets et les enfouir sans recourir aux traitements appropriés aves toutes les retombées néfastes que cela engendre sur la qualité du sol et de la nappe phréatique.

Des usines à l’origine de la destruction de la vie des habitants

  1. Raffinerie des grignons d’olive à Karkar

Les dégâts engendrés par l’usine de raffinage des grignons d’olive (qui se fait à base du produit chimique hexane), située sur la route régionale 96 dans la région d’el Athamna au gouvernorat de Mahdia pourraient être considérés comme un crime contre les habitants de cette région. Depuis son implantation en 2012, les habitants ont ressenti sa dangerosité et ont entamé une série de protestations surtout en 2013 suite à l’apparition des premiers signes annonciateurs d’effets nocifs sur l’environnement et la santé des gens comme les problèmes respiratoires et l’amenuisement du rendement des terres cultivées ou plantées dans une zone à vocation principalement agricole. Cette usine qui a vu ses portes fermées en Italie a élu terre d’accueil en Tunisie mais a été à l’origine de plusieurs problèmes écologiques à cause de l’utilisation de produits chimiques dangereux tels que l’Hexane considéré comme étant un produit toxique surtout pour les organismes aquatiques et par conséquent prohibé dans les zones agricoles et habitées vu le fait qu’il entraîne des effets néfastes à long terme. L’activité industrielle de cette usine serait à l’origine de plusieurs maladies chez les habitants de la région, surtout des troubles au niveau de la vue et du système nerveux. Un bilan préoccupant qui se trouve alourdi par le fait que les eaux usées sont directement déversées dans la nature sans la moindre valorisation avec toutes les retombées nocives sur le sol, sur la nappe phréatique profonde et sur les cultures variées situées dans le périmètre de l’usine.

Photos de l’environnement immédiat de l’usine de raffinage des grignons d’olive (karkar, février 2020)

Des représentants de la société civile de la région ont pris contact avec les autorités compétentes comme l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE), avec le gouvernorat de Mahdia et le ministère de l’industrie, mais face à la négligence et le désintérêt manifestés par les décideurs, le rythme des mouvements protestataires s’est accru surtout lorsque l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement a reconnu le fait que l’usine en question ne respectait pas les normes environnementales et ne disposait pas d’un système de traitement des déchets par l’assainissement ou l’isolation ainsi que le fait qu’il y avait des doutes sérieux sur l’autorisation prétendument obtenue auparavant et qui s’avère plus tard octroyée au niveau des ministères de l’industrie et celui de l’environnement dans des conditions peu transparentes pour le moins qu’on puisse dire. L’usine de raffinage a pu bénéficier d’une autorisation légale en 2014 mais les citoyens ont vite porté plainte urgente avec l’appui de la société civile à l’échelle nationale pour la fermeture du site et ont eu gain de cause, mais le propriétaire qui est de nationalité étrangère a réagi indignement en essayant de brutaliser les habitants, les provoquer et engager des poursuites judiciaires contre eux.

  1. Briqueteries de Zeramdine et Kalaâ Soghra

Les briqueteries sont considérées comme de grands pollueurs atmosphériques vu les grandes émissions de gaz toxiques, un phénomène qui a provoqué dans notre cas l’émergence de plusieurs mouvements sociaux à caractère écologique surtout que ces usines sont installées non loin des agglomérations. Dans la ville de Kalaâ Soghra au gouvernorat de Sousse, l’usine de fabrication de briques de construction qui est la plus grande dans le pays est construite au milieu même d’un quartier d’habitation dont la plupart de ses résidents ont manifesté leur désarroi face aux émissions de gaz ayant entrainé l’apparition de maintes maladies telles que les difficultés respiratoires et le cancer des poumons, d’où les confrontations qui ont eu lieu avec le propriétaire de l’usine qui a usé de tous les moyens pour terroriser les manifestants et étouffer leurs protestations dan l’œuf. Par ailleurs, la pollution engendrée par cette usine a contraint plusieurs habitants notamment ceux dont les enfants ont eu des problèmes respiratoires à quitter les lieux et partir à la rechercher d’un travail dans des secteurs autres que l’agriculture qui s’est trouvée sensiblement affectée par les effets de la pollution.

La pression exercée par la coordination locale pour la protection de l’environnement dans la ville avec l’appui d’organisations de la société civile a abouti à assujettir l’usine à un contrôle exercé par l’Etat surtout après le recours à la justice. Le taux des émissions de gaz a relativement baissé et une sorte de compromis fut établi avec la société civile, mais cette accalmie ne dura pas longtemps vu la situation politique instable dans le pays et le changement permanent des responsables et par conséquent le manque de suivi rigoureux quant aux mesures décrétées. Le phénomène de la pollution reprend son ampleur comme avant les protestations et la lassitude s’est installée parmi les citoyens qui ont perdu espoir de voir cette usine se plier aux règlements et respecter les normes en vigueur.

Quant à la ville de Zeramdine au gouvernorat de Monastir qui passe pour l’une des régions où se concentrent les briqueteries vu l’existence de richesses naturelles utiles pour la fabrication des briques de construction comme « la terre crue », trois usines se situent dans le périmètre géographique de la ville et trois autres à proximité qui sont à l’origine de l’apparition de pas mal de problèmes sanitaires et écologiques chez les habitants de la région surtout que plusieurs de ces unités ne respectent pas les normes nationales en matière d’émissions de gaz et exposent les ressources naturelles disponibles dans la région à une farouche surexploitation. L’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE) n’a pas du tout joué le rôle de supervision et de contrôle qui lui incombe, ce qui a incité les habitants à exprimer leur mécontentement à plusieurs reprises face aux retombées néfastes de cette activité industrielle non seulement sur leur santé et celle de leurs enfants mais également sur les champs d’oliviers situés dans les carrières exploitées d’une façon anarchique qui ne tient pas compte des termes du cahier des charges causant ainsi une forte érosion des terres et une pollution du sol du fait des eaux pluviales qui s’entremêlent avec la terre crue et la nappe phréatique proche de la surface ce qui a dénaturé les terres arables et contraint les agriculteurs à faire des forages très profonds qui coûtent très cher et influent par conséquent sur le coût de la production.

Ainsi, on peut conclure que ces sociétés contribuent à la dégradation de l’environnement de diverses manières et font des régions où elles s’installent des zones répulsives et peu accueillantes à cause des émissions de gaz et de l’exploitation abusive des ressources naturelles. Les habitants, de leur côté, n’ont pas lésiné sur tous les moyens légitimes pour faire parvenir leurs voix et revendiquer, vainement hélas, leur droit à la vie digne dans un contexte environnemental sain, une fin de non recevoir qui a incité ces unités industrielles à continuer à enfreindre la loi et la bonne foi surtout face à une absence quasi-totale des organismes de l’Etat et en l’occurrence l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE).

Photos de la ville de Zeramdine au cours des protestations (juin 2018)

 

  1. Pollution aux eaux industrielles usées dans la ville de Monastir

La pollution aux eaux industrielles usées dans la ville de Monastir provient des industries de traitement des matériaux dans les usines de lavage, de teinture de textiles, des industries chimiques et industries alimentaires. Ce sont pour la plupart des activités polluantes qui s’installent non loin des agglomérations, comme l’unité de teinture de cuir à Moknine dont les eaux polluées sont directement déversées dans la rivière « Elghssil » menant à la sebkha de Moknine. Cette industrie perçue comme une source de grands soucis pour les habitants de la ville notamment en raison des odeurs nauséabondes qui s’en dégagent, n’hésite pas à exploiter de grandes quantités d’eau, à recourir à des produits chimiques et à rejeter les eaux industrielles polluées sans le moindre traitement dans les milieux naturels vulnérables surtout dans le golfe de Monastir, la sebkha de Moknine  et certaines rivières qui en sont dépendantes.

Cette situation écologique précaire se trouve aggravée par les eaux industrielles provenant de gouvernorats voisins comme celui de Sousse qui sont déversées dans la rivière de Hamdoun au nord de la zone touristique de Skanes ou dans la sebkha de Moknine quant aux eaux industrielles venant du gouvernorat de Mahdia surtout des industries laitières et des unités de thon.

 Eaux industrielles déversées dans les canaux menant au golfe de Monastir

On se débarrasse d’une partie des eaux industrielles dans les canaux du réseau d’assainissement, dans des espaces à ciel ouvert, dans les lieux publics ou dans les zones agricoles, ce qui engendre d’importants changements écologiques et environnementaux doublés d’un phénomène de pollution ayant porté atteinte aux écosystèmes déjà assez précaires surtout dans le golfe de Monastir qui accueille les eaux des usines de lavage et de teinture dans tout le gouvernorat où il y aurait soixante-dix unités (agréées et non agréées), toutes jugées très gourmandes en eaux et faisant usage de produits chimiques nuisibles.

Notons au passage que le cycle de lavage exige le recours à douze bassins d’eau y compris ceux destinés à nettoyer les outils et engins. Pour ce faire, on se sert de produits chimiques comme l’eau de javel, l’eau oxygénée et pas mal d’autres produits. Le gouvernorat de Monastir produit autour de 9 millions de pantalons jeans par an, la moyenne d’eau utilisée pour laver un seul pantalon jeans est estimée entre 55 et 70 litres[1] …sans compter les autres industries de lavage de textiles, une telle ampleur de concentration industrielle dans pareil domaine polluant en particulier qui pourrait nous éclairer relativement sur la taille des incidences sur l’environnement et la santé des gens.

Parmi les conséquences socioéconomiques de la pollution, la déliquescence du métier de pêche maritime dans la région surtout que la plupart des pêcheurs ne sont pas du tout outillés pour pratiquer la pêche en eaux profondes, alors ils se trouvent contraints soit à émigrer soit à intégrer -pour certains d’entre eux- des circuits illégaux (métier de passeur, etc…). La pollution industrielle a eu également un impact qui s’est fait ressentir au niveau de la pénurie des eaux disponibles pour l’irrigation dans le gouvernorat de Monastir suite aux forages anarchiques et l’exploitation abusive des eaux.

  1. Pollution industrielle dans la ville de Tazarka au gouvernorat de Nabeul

La ville de Tazarka est une zone touristique qui attire un nombre impressionnant de visiteurs qui viennent périodiquement pour apprécier la beauté des plages et la splendeur des paysages naturels, mais cet éclat se trouve dénaturé sous l’effet des violations et des problèmes environnementaux multiples causés par la zone industrielle « Mazraâ » qui abrite un certain nombre d’usines polluantes qui gèrent mal leurs déchets nuisibles et les déversant sans aucun traitement à travers les stations de pré-traitement installées dans l’enceinte même de ces unités et sans aucun contrôle exercé par l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement non plus. Les eaux usées sont déchargées dans les rivières qui finissent leur cours à leur tour dans la sebkha de Tazarka. Les habitants de la région ont souvent manifesté leur colère et exprimé leurs soucis en vain face à cette situation écologique catastrophique aggravée également par la présence d’unités d’abattage de poulets, d’usines utilisant des produits chimiques dangereux et d’une station d’épuration dépendant de l’Office National d’Assainissement (ONAS) qui accueille les eaux ménagères aussi bien de la ville de Tazarka que de Maâmoura, d’où la saturation de sa capacité d’accueil et le recours à décharger tout l’excédent directement dans la mer sans traitement préalable.

Au cours du mois de mai 2021, la ville de Tazarka a connu une catastrophe écologique quand sept vaches appartenant à un agriculteur de la région ont trouvé la mort après s’être abreuvées dans la sebkha polluée[2], un événement qui a confirmé les appréhensions des habitants quant à la présence d’indices de pollution grave due au déversement de produits chimiques sans traitement.

Ceci nous amène à se demander avec étonnement en vertu de quelles considérations l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE) a pu octroyer des autorisations pour que de telles usines voient le jour et où sont les études d’impact sur l’environnement préalables au démarrage de ces activités industrielles et pourquoi ne voit-on aucun contrôle s’exercer sur ces pollueurs au dessus de la loi ?

Photo des eaux usées provenant de la zone industrielle « Mazraâ » allant directement vers la sebkha de Tazarka (juin 2021)

  1. Abus des usines de tomates à El-Haouaria

Plusieurs usines de tomates sont installées à Haouaria au gouvernorat de Nabeul qui ne se plient pas pour la plupart d’entre elles aux normes et lois relatives à la sauvegarde d’un  environnement sain et l’engagement à ne pas altérer les environs du site de production. Parmi ces usines, on peut citer « Comocap » installée dans la région de « Saheb Jebel » qui cause d’énormes ennuis aux habitants du fait qu’elle fait fonctionner ses équipements au fuel au lieu du gaz naturel, un combustible aux importantes émissions de fumée toxique et de particules fines inhalables surtout pendant la saison de récolte et de transformation des tomates. Ses eaux usées sont déversées dans la rivière Sayadi avoisinant les habitations, d’où la prolifération de tous types d’insectes nuisibles et un empoisonnement agro-chimique des terres agricoles ainsi que l’apparition de maladies cancéreuses, de troubles respiratoires et de maladies cutanées que l’on pourrait remarquer chez la plupart des habitants de la région[3].

Les mouvements de protestation engagés par les habitants contre les différents aspects de pollution provenant de cette usine furent affrontés par l’incrimination et le harcèlement sans vraiment aboutir à des solutions concrètes mettant fin à cette calamité. La section de justice environnementale au sein du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) œuvre pour débloquer ce dossier à travers une campagne de soutien en collaboration avec les habitants de la région.

On peut dire que la plupart des problèmes environnementaux dans le pays résultent du modèle de développement adopté depuis les années 80 caractérisé par sa cruauté envers les ressources naturelles et son insouciance à l’égard des attentes des régions défavorisées, une ligne de conduite qui confirme le principe de disparités entre les catégories sociales parce que la grande partie des problèmes écologiques se concentrent dans les régions les plus vulnérables qui sont dépourvues de moyens matériels et politiques pour faire face efficacement à la pollution, d’où un déficit qui joue en faveur de ceux qui détiennent le pouvoir et les propriétaires de ces unités polluantes.

Ceci dit, il y a des industries surtout dans le secteur textile tributaire principalement du marché d’exportation qui affrontent des crises successives à cause de l’ouverture sur le marché mondial et la concurrence avec les pays à main d’œuvre bon marché et qui bénéficient d’un excédent en ressources hydriques. Cela se fait remarquer dans la grande pénurie de la main d’œuvre dans le secteur textile en raison du fait que les sociétés à qui revient la prise de décisions ne tient pas compte des spécificités locales dans certains pays, ce qui a des effets négatifs sur les ouvriers et l’environnement.

[1] https://www.facebook.com/FTDES.Monastir/videos/72149856849598

[2] https://www.youtube.com/watch?v=6QR6IA5mH4

[3] https://bit.ly/3sUzdJ3

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