Communiqué de presse :
Quand sauver la vie de citoyens devient un crime
Le vendredi 31 août dernier, alors que Chamseddine Bourassine capitaine du chalutier « Bourassine HC 1015» assure des activités régulières de pêches[1], l’équipage a reçu un appel de détresse provenant d’une embarcation en panne en pleine mer où se trouvaient 14 Tunisiens dont 3 mineurs. Malgré la capture d’image par l’agence FRONTEX, aucuns secours ne semblaient avoir été prévenus pour sauver les personnes à bord.
Au regard de la Convention internationale SOLAS de 1974 relative au sauvetage en mer, tout capitaine d’un navire recevant un SOS en mer a l’obligation légale de porter secours à cette embarcation, sous peine d’être condamné pour non-assistance à personne en danger. Après être venu à la rencontre de l’embarcation, le capitaine Chamseddine a essayé de convaincre les personnes à bord de les ramener en Tunisie à leur point de départ. Mais n’ayant réussi les en persuader, le Bourassine a tracté le bateau de migrants jusqu’aux eaux territoriales italiennes non loin de là pour que les garde-côtes italiens puissent venir leur porter secours. Mais Monsieur Bourassine et son équipage ont été arrêtés, puis incarcérés en Sicile pour « aide à l’immigration clandestine ». Depuis ils sont en détention provisoire depuis 5 jours sans avoir pu rencontrer leurs avocats.
Monsieur Bourassine est connu pour avoir mené de nombreuses actions de sauvetages en mer au large de la Tunisie comme le montre ce reportage d’Euronews[2], y compris en partenariat avec des ONG internationales. Il a participé également à de nombreuses reprises à des événements de sensibilisations de jeunes tunisiens aux risques de l‘émigration non réglementaires.
Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) reconnait et salue l’action du gouvernement tunisien qui a demandé la libération de Chamseddine et son équipage et appelle :
- Les autorités tunisiennes à mobiliser leurs autorités consulaires en Italie pour maintenir la pression et défendre la situation de ces pêcheurs qui ont réalisé un acte humanitaire ;
- Les autorités italiennes à prendre tous les éléments en compte à leur disposition pour relâcher au plus vite Chamseddine Bourassine ainsi que son équipage ;
- Les sociétés civiles tunisiennes et européennes à se mobiliser derrière la situation de ces pêcheurs qui, pour avoir voulu sauver des vies, risquent une condamnation pouvant aller jusqu’à plusieurs années de prison ferme.
Pour le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux Le président Messaoud Romdhani
[1] Comme le prouve cette vidéo publiée par l’agence des garde-côtes et des garde-frontières de l’Union Européenne (FRONTEX), http://kapitalis.com/tunisie/2018/09/04/une-video-de-frontex-disculperait-le-pecheur-tunisien-arrete-en-italie/ .
[2] Reportage Euronews, 3 juin 2015,