Tunis le 24 septembre 2019
Eau, pollution, changement climatique : Pour un Etat d’urgence écologique
Appel aux candidats aux élections
Aujourd’hui, la Tunisie traverse une grave crise environnementale. L’eau, un bien vital, n’est pas fournie de manière constante à tous les citoyens. Les pollutions industrielles et les changements climatiques sont de graves menaces pour la survie de parties entières du territoire et de leurs populations.
Le futur gouvernement aura donc la responsabilité d’apporter des solutions à cette crise pour garantir la sécurité nationale, le respect des droits humains et des droits constitutionnels à l’eau, la santé et à un environnement sain des tunisiens. Les catastrophes sont déjà une réalité quotidienne et les populations les plus vulnérables en sont les premières victimes.
Ainsi, la pollution du Groupe Chimique Tunisien dans le golfe de Gabès a totalement détruit un écosystème terrestre et marin unique au monde, de même que les moyens de subsistance des paysans et pêcheurs de la région. D’autres pollutions industrielles font mourir les récoltes et les êtres humains, à l’instar du phosphate à Gafsa ou des rejets d’usines agroalimentaires à Nabeul par exemple. Les pollutions industrielles dégradent les éléments vitaux que sont l’air et l’eau dans tout le pays. Ainsi, durant cette législature 2014-2019, de nombreux citoyens se sont soulevés contre ces pollutions.
La faible quantité de ressources disponibles, les problèmes de gestion et les effets des changements climatiques ont rendu l’accès à l’eau de plus en plus critique chaque année. En 2019, les coupures et les mobilisations pour l’accès à l’eau ont eu lieu dans tout le pays, de Jendouba à Tataouine, malgré des pluies abondantes et des barrages remplis au printemps.
Les changements climatiques ont déjà de graves conséquences. La montée du niveau de la mer menace des zones habitées, comme dans les gouvernorats de Bizerte ou de Monastir. Ils affectent aussi fortement la régularité des pluies et des phénomènes climatiques, notamment dans les zones arides, ce qui affecte grandement les productions agricoles, plus aléatoires d’année en année. Ils provoquent des phénomènes extrêmes, plus intenses et plus réguliers, telle la catastrophe de Nabeul en Septembre 2018. Il y a donc urgence à mettre en place des mesures d’adaptation à ces conséquences des changements climatiques.
Enfin, la problématique des déchets est devenue un problème commun à tout le territoire. La situation est telle que des citoyens en sont venus à fêter l’anniversaire de leurs déchets, à Nabeul ou Ariana par exemple. Ils dégradent la qualité de vie et la santé des citoyens.
Face à cette urgence et pour assurer la sécurité du territoire national, nous appelons les candidats aux élections à s’engager à déclarer un état d’urgence écologique, qui aurait cinq dimensions :
- L’apport de l’eau potable à tous les citoyens à travers un renflouement direct de l’Etat des dettes de la SONEDE et des GDA ainsi que le renouvellement immédiat des 40% vétustes du réseau. La restructuration du système des GDA par la mise en place d’un réseau assuré par la SONEDE pour l’eau potable, y compris dans les zones rurales. La réforme du code de l’eau semble très insuffisante et menace de privatiser ce bien commun.
- La fin des pollutions industrielles à travers des normes plus élevées et leur respect. La fin de tous les rejets dans les milieux naturels. La mise à niveau des stations de traitement des eaux usées industrielles et des obligations et normes plus contraignantes pour les entreprises, tout en s’assurant de leur application. Une solution claire et rapidement appliquée pour mettre fin aux souffrances des habitants et à la destruction du patrimoine naturel de Gabès.
- Une politique nationale d’urgence de gestion des déchets ménagers et industriels. Elle devrait d’abord récupérer et traiter les tonnes de déchets qui jonchent tout le territoire. Dans le même temps elle devrait inclure des procédures de limitation de la production de déchets, de fin des dépôts anarchiques, de triage, de recyclage et de revalorisation.
- Un plan d’adaptation aux changements climatiques, sur la base de ceux existants, qui soit porté au niveau de la Présidence de la république ou du gouvernement et soit une priorité politique et affichée comme telle. Dans un tel plan, les solutions basées sur la nature devraient être priorisées.
- Un plan massif de déploiement des énergies renouvelables, puisque la Tunisie dispose de grandes ressources éoliennes, solaires et géothermiques, qui permettront d’assurer l’atténuation du changement climatique ainsi que la sécurité et la souveraineté énergétique du pays.